Lu par Frantz Présumé
Les bienfaits de la lecture à haute voix
Repéré par Nina Pareja — 19 septembre 2020 à 11h54
Même à l’heure des podcasts et des livres audios, la plupart d’entre nous privilégions la lecture silencieuse, de manière instinctive ou pour ne pas déranger les personnes qui nous entourent. Il y a fort fort longtemps, la lecture était une activité plutôt bruyante rappelle BBC Future, sur une tablette vieille de 4.000 ans, on peut lire: «Écoutez cette tablette, et si c’est approprié, faites la écouter au roi». Aujourd’hui, la lecture à haute voix est souvent réservée aux enfants ou aux performances théâtrales.
Plusieurs études scientifiques attestent pourtant des bienfaits de la lecture à haute voix: cela permettrait de mieux comprendre et de mieux mémoriser les textes. On a d’ailleurs tendance à l’utiliser quand on peine à comprendre un écrit.
Le psychologue canadien Colin MacLeod travaille depuis des années sur l’«effet de production»: quand on «produit» les mots à haute voix, on les retient plus facilement, y compris chez l’adulte. Cela se confirme dans plusieurs études. Que ce soit parmi les enfants ou les adultes, les résultats sont les mêmes: celles et ceux qui ont lu leur texte à haute voix le retiennent mieux, mémorisent plus de mots que celles et ceux qui l’ont lu silencieusement. Cela est aussi valable en chuchotant ou dans le cas de problèmes d’élocution. Et l’effet, selon MacLeod, n’est pas limité aux quelques minutes qui suivent la lecture.
À haute voix, les mots «se détachent» et le son fait appel à un aspect différent de la mémoire. Cela est aussi lié à un autre effet, l’«effet de génération»: «générer», deviner un mot grâce à une question ou un indice le rend plus mémorable.
L’effet de production est plus intense quand on lit soi-même à haute voix, mais il l’est aussi via l’écoute. Lors d’une étude italienne, un groupe d’étudiant·es était invité à faire la lecture à des personnes âgées souffrant de démence. Celles-ci obtenaient de meilleurs scores aux tests de mémoire à l’issue de ces lectures –sûrement parce que les histoires entendues leur permettaient de puiser dans leur propre mémoire et imagination. De même, la difficulté à lire à haute voix pourrait être un bon indicateur des premiers signes de la maladie Alzheimer selon les experts.
Même si nous ne le réalisons pas toujours, nous faisons souvent appel à la lecture à haute voix: «Certains trouvent que cela les aide à démeler les textes complexes que ce soit des contrats, des ouvrages académiques ou une notice Ikea», explique Sam Duncan qui a étudié les habitudes de lecture à haute voix de plus de 500 Britanniques. Cela s’explique en partie par le fait de s’arrêter, ralentir, dire un texte et l’entendre. Car finalement si nous avons adopté la lecture silencieuse, c’est surtout pour une question de gain de temps mais aussi de secret: parfois le roi est le seul à devoir lire le message.